La douceur : Coeur à coeur avec la peur

10 novembre 2016   |     |     |  

 

N’ayez pas peur ! – De quoi faut-il ne pas avoir peur ? Avant tout de faire la vérité sur nous-mêmes. – Jean-Paul II

Peur, peur peur…

La peur est un état émotionnel particulier, que l’on range facilement dans la catégorie des émotions « désagréables ». Et pourtant, la peur a une fonction vitale, quand elle nous permet d’échapper à un danger imminent. Certes, nous avons peu de chances d’être aujourd’hui pourchassés par un tigre affamé. Mais nous pouvons, grâce aux mécanismes physiologiques engendrés par la peur, faire le bond de côté qui nous permettra d’échapper à l’embardée d’un camion fou sur la route.

Souvent, la peur sort du champ de la survie face à un péril réel et présent. Elle est liée à une projection dans le futur : on anticipe quelque chose qui pourrait arriver… peut-être, potentiellement, éventuellement…

  • Peur de manquer (d’argent, de temps, de nourriture, d’amour, etc.)
  • Peur de perdre ceci ou cela (son travail, son logement, son temps, la santé, sa ligne, la face, sa mise, l’équilibre, la tête, etc.)
  • Peur de perdre quelqu’un (son mari ou sa femme, un enfant, ses parents, etc.)
  • Peur de certains animaux, phobies en tous genres
  • Peur d’être malade, et peur de mourir
  • Peur de n’être pas à la hauteur

Ah, la peur de ne pas être à la hauteur… Cette dernière peur est très insidieuse. Elle se cache sous les voiles de ces histoires que notre narrateur intérieur nous raconte sans cesse. Sous couvert de nous inviter à évoluer, nous améliorer, grandir… cette voix nous distille un discours toxique : tu es trop (moche, grosse, bête, timide, faible, colérique, stressée…) ou pas assez (énergique, forte, résistante, affirmée, séduisante, audacieuse, drôle…).

De là vient la peur de ne pas être assez bien, pas adéquat, et donc de ne pas mériter une place dans la valse de la vie. Cette peur-là trouve évidemment ses racines dans l’enfance, quand nous avons mis en place des mécanismes de survie, pour gagner amour et sécurité. Ses racines sont profondes, et si elles nous desservent parfois, elles ont aussi été à bien des égards utiles pour porter le grand arbre que nous sommes devenus.

Ainsi, c’est bel et bien la peur qui est à la racine de nos jugements, de nos colères, de nos tristesses.

 

douceur et peur

Caresser la peur avec douceur

La peur ne se débusque pas avec les armes de l’agressivité et de la violence. Elle se caresse avec tendresse. Imaginons que nous déposons une caresse sur la tête d’un enfant apeuré, pour le rassurer. C’est ce même geste qui sied à nos peurs d’adulte. Un geste de douceur, qui accueille et accompagne la dilution de l’émotion. Cette dilution, puis dissolution, ne se produira sans doute pas en un seul mouvement. Il conviendra de déposer ce baume de douceur encore et encore sur les peurs les plus piquantes. Pourtant, sous les ailes de la reconnaissance et de la douceur aimante, la peur cède du terrain, pas à pas…

Ce face à face avec la peur – avec les petites appréhensions comme avec les grandes inquiétudes – nécessite du courage. Le courage venu du coeur, pour se tenir droit, digne, non pas dans un tête à tête, mais dans un coeur à coeur avec la peur, tout en douceur. C’est le chemin auquel nous invite la méditation : rester là, assis, présent, pour faire connaissance avec notre monde intérieur et son charivari d’émotions. Il s’agit de faire connaissance, puis entrer en amitié, avec la peur, comme avec la joie.

La peur, la joie, et toutes les émotions qui nous habitent méritent de cohabiter, en bonne entente, comme des colocataires dans une maison, qui est assurément assez grande pour accueillir tout le monde. Et si l’espace semble parfois un peu étriqué, la pleine conscience nous aide à pousser les murs, ouvrir les fenêtres, ôter quelques vieux meubles… afin que chacun soit à sa juste place.

 

peur et douceur

Jubiler avec la peur

Après avoir parlé à la peur avec douceur, après l’avoir présentée à la joie, afin qu’elles puissent danser ensemble, nous pouvons encore élargir la perspective, et considérer la peur comme un mouvement (une émotion est mouvement)… et donc comme un signe que nous sommes bien vivants. La peur nous indique que la vie vibre en nous, et qu’elle a même envie de nous emporter davantage dans son grand élan.

Plutôt que de ramer à contre-courant avec les rames de la peur, si nous nous laissions porter par ce courant, avec confiance ? La confiance comme antidote à la peur. Et la joie, comme cap qui ne nous trompe jamais.

Si vous ne connaissez pas encore Mr Ramesh, regardez cette courte vidéo. Il nous parle de la peur de manière jubilatoire :

 

https://www.youtube.com/watch?v=An18wQ3asMw

 

Oui, la peur est un appel à jubiler, un rappel à la vie : j’ai peur donc je suis en vie !

« Notre plus grande peur n’est pas celle de mourir, mais celle de vivre pleinement », nous dit Mr Ramesh.

Cela fait écho au magnifique poème de Marianne Williamson :

 Notre peur la plus profonde
n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur,

Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toutes limites.

C’est notre propre lumière et non notre obscurité qui nous effraie le plus.

Nous nous posons la question…
Qui suis-je, moi, pour être brillant,
radieux, talentueux et merveilleux ?

En fait, qui êtes-vous pour ne pas l’être ?
Vous êtes un enfant de Dieu.

Vous restreindre, vivre petit,
ne rend pas service au monde.

L’illumination n’est pas de vous rétrécir
pour éviter d’insécuriser les autres.

Nous sommes tous appelés à briller, comme les enfants le font.

Marianne Williamson
A Return to Love : Reflections on the Principles of A Course in Miracles

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