Intelligence émotionnelle, méditation… Search Inside Yourself

2 mai 2014   |     |     |  

Intelligence émotionnelle et méditation au service du business

Matthieu Ricard et Chade-Meng Tan, deux joyeux drilles

J’ai eu la chance d’assister à la conférence animée par Matthieu Ricard et Chade-Meng Tan, le 30 avril, au palais Brongniart : « Search Inside Yourself ». C’est le nom d’un programme conçu par Chade-Meng Tan, et soutenu par Matthieu Ricard, pour aider chacun à s’épanouir et exceller dans son travail, en renforçant son intelligence émotionnelle, et en… méditant ! C’est aussi le titre d’un livre (« Connectez-vous à vous-même », éditions Belfond), qui après avoir été dans les meilleures ventes du New-York Times dès sa publication aux Etats-Unis, vient de sortir en France.

Chade-Meng Tan, un des tout premiers ingénieurs de Google, a développé ce programme visant à introduire la méditation dans le monde du business. Et Matthieu Ricard…. on ne le présente plus, une petite photo de son sourire bienveillant suffira !

 Matthieu Ricard

Sur la carte de visite Google de Chade-Meng Tan, son titre : « Jolly good fellow » (que l’on peut traduire en français par : « Joyeux drille ») donne le ton. Et ce sont deux joyeux drilles, Matthieu Ricard n’étant pas en reste pour ce qui est de l’humour, qui ont animé cette soirée autour d’échanges truculents. Si l’apôtre de la méditation chez Google vante les effets bénéfiques de celle-ci sur la performance, le leadership, l’accroissement des profits… (il fallait bien une carotte pour séduire le monde du business), Matthieu Ricard ramène le débat aux vertus fondamentales que sont la bienveillance ou l’altruisme… dans un dialogue palpitant.

Méditation et intelligence émotionnelle pour redevenir le cavalier ou le capitaine de notre esprit

Point de départ : nos émotions nous mènent par le bout du nez, tel le cavalier qui serait dirigé par son cheval. La bonne nouvelle, c’est que tel le cavalier qui tient fermement les rênes de son destrier, nous pouvons maîtriser nos émotions. il s’agit là de l’intelligence émotionnelle : l’ensemble des capacités que nous avons, liées à notre façon de gérer nos émotions. Et là vient la deuxième bonne nouvelle (la soirée sera ainsi émaillée de bonnes nouvelles !) : ces capacités s’entraînent, tels les muscles lorsque l’on pratique un sport – grâce à la neuroplasticité du cerveau, faculté extraordinaire dont nous disposons tous.

Matthieu Ricard et Chade-Meng Tan, intelligence émotionnelle et méditation

Ce programme d’entraînement du cerveau – basé sur l’intelligence émotionnelle et la méditation de pleine conscience – se déroule en trois étapes :

1) Entraîner l’attention

L’entraînement de l’attention vise à amener l’esprit dans un état de calme et de clarté, à la demande. Partant de l’idée qu’il y a un espace entre un stimulus qui parvient à notre cerveau et la réponse, sous forme de réaction, l’ambition est d’accéder à cet espace pour avoir la liberté de choisir : ne pas être sans cesse dans un état de réaction non contrôlée, mais choisir notre réponse. La méditation de pleine conscience nous amène précisément à guider notre attention, de manière spécifique et avec intention, dans le moment présent, sans jugement. Tout comme l’exercice physique entraîne le corps, la méditation entraîne l’esprit. Et, en l’espèce, lire de belles théories ou écouter de beaux discours ne sert à rien, seule la pratique permet de saisir les effets. Si nous ne savions rien de l’exercice physique aujourd’hui, nous aurions du mal à concevoir que le simple fait de soulever un poids va d’abord augmenter la force de notre bras, puis contribuer à améliorer notre santé, notre épanouissement, notre sommeil, notre efficacité au travail… Et pourtant, si nous soulevons régulièrement ce poids, avec assiduité et persévérance, nous constatons réellement ces effets. Il en va de même pour la méditation : on ne peut pas faire l’économie de la pratique.

2) Développer la connaissance et la maîtrise de soi

Sur ce point, une analogie maritime permet de clarifier la notion de liberté : le bateau que le capitaine laisse voguer au gré des flots, sans aucune maîtrise des voiles, sans aucun cap défini… ce bateau est-il libre ? Non, il est à la dérive. Ce n’est qu’en contrôlant les voiles et en maintenant fermement le cap que l’on peut atteindre l’île désirée. De la même manière, maîtriser ses pensées conduit à la liberté. Chade-Meng Tan parle alors de l’importance « d’accroître la résolution » (par analogie avec la résolution en pixels des images sur notre ordinateur), ou de percevoir de manière beaucoup plus fine et précise les nuances au sein de nos émotions, pour mieux s’introduire dans l’espace qu’elles laissent entre elles, notre espace de liberté.

Cette observation aiguisée conduit à une évolution de la perception de nos émotions, d’une perception existencielle à une perception expérimentielle. Cette notion se traduit tout simplement à travers à un exemple : on comprend alors qu’il n’est pas juste de dire « je suis triste », mais qu’il convient plutôt de dire « j’expérimente la tristesse ». Matthieu Ricard a alors développé une des analogies classiques, mais dont chaque évocation rappelle toujours un fondement si vrai : de même que les nuages passent dans le ciel, nos émotions passent dans notre esprit ; plus on apprend à regarder le ciel, plus on perçoit les petits espaces d’azur entre les nuages ; et plus on connaît le ciel, mieux on sait que les nuages finissent toujours par se dissiper. Enfin, les nuages ne sont pas le ciel. Il en est de même de nos émotions, qui passent et passeront toujours, et qui ne sont pas notre esprit, ni notre état. Pour mieux encore clarifer cette notion essentielle, Matthieu Ricard nous rappelle que lorsque l’on va chez le médecin, on ne dit pas : « Docteur, je suis la grippe », mais simplement : « Docteur, j’ai la grippe ».

Matthieu Ricard nuages dans le ciel

3) Créer des habitudes mentales utiles

Partant du principe que tout ce que l’on fait fréquemment devient une habitude, il est essentiel de créer de nouvelles habitudes, utiles pour nous, pour notre entourage… et pour le monde. Prenant l’exemple de la bienveillance, Chade-Meng Tan propose de faire l’exercice suivant : regarder deux personnes et leur souhaiter (en pensée, intérieurement) d’être heureuses – cela pendant dix petites secondes seulement. Il invite à reproduire l’exercice, au bureau, chaque heure, pendant toute une journée. Il s’agit tout simplement d’y penser pendant dix secondes toutes les heures, de viser deux personnes dans son champ de vision, et de leur souhaiter tout le bonheur du monde. Il est avéré que ce simple exercice a au moins deux bénéfices : il rend heureux celui qui émet ces pensées bienveillantes, et par résonnance affective il instille aussi dans la joie chez celui qui reçoit (sans même qu’il le sache consciemment !). Et là, si Chade Meng-Tan développe la théorie selon laquelle être aimé et apprécier d’être aimé est la clé du succès chez les plus grands leaders, Matthieu Ricard rebondit sur le thème fondateur de la bienveillance comme ferment de la paix intérieure… et dans le monde… Et il nous rappelle cette phrase du Dalaï Lama : « Il ne peut pas y avoir de paix extérieure sans paix intérieure. »

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Cultiver l’intelligence émotionnelle, et pratiquer la méditation est la clé pour accéder à la paix.

Pour briser les tabous et accueillir la méditation dans le monde de l’entreprise, la méthode développée par Chade-Meng Tan est innovante, ludique et efficace. A découvrir dans son livre, dont la couverture est un joli clin d’œil à Google :

 Connectez-vous à vous-même, Chade-Meng Tan, serach inside yourself

Un commentaire

  • Pascale M-B dit :

    Ce livre est un outil extrêmement puissant pour tous ceux qui sont suffisamment autonomes pour se créer des plages horaires de méditation dans la journée ! Cette méthode permet vraiment de prendre de la distance par rapport à tout ce qui peut nous arriver que ce soit dans notre travail ou dans notre vie perso. Je suis une accro du travail du genre « work alcoohlic », je me sentais vraiment impuissante par rapport à mon comportement vis à vis du travail …. et cette méthode est pour l’instant celle qui a marché le mieux . Je suis toujours une handicapée face à mon comportement dans le travail qui me pousse à ne jamais en avoir assez fait , mais au moins maintenant j’ai un outil de travail pour tempérer mes ardeurs . J’ai bien conscience qui’il me faudra plusieurs années de méditation avant de pouvoir dire que mon handicap face au travail pourra être significativement diminué , et je ne serai peut-être jamais en mesure de dire que je suis guérie par rapport à ce handicap , mais au moins j’ai réussi à trouver une méthode pour palier ce handicap et progresser, ce qui me donne une vraie lueur d’espoir pour l’avenir !!!

    N’hésitez pas à me donner vos avis,

    Pascale

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